En 2004, la quasi totalité des pensionnaires de PCH ayant quitté Panauti, les locaux se sont retrouvés disponibles. Suite à de nombreux échanges avec nos partenaires népalais, et tenant compte de notre connaissance du terrain, nous avons alors décidé de réorienter nos actions sous plusieurs formes.
Dans ce qui fut la Maison des enfants (PCH), nous avons ouvert un centre médico-social (CMS) sous la direction de Sabita, présidente de P.A.S.A., et géré au quotidien par Manju, ancienne pensionnaire de PCH. Nous avons aussi initié, sous la direction de Sanjaya, un lieu de soutien scolaire.
En effet, la vallée de Panauti est essentiellement vouée à l’agriculture (cultures du riz et de la pomme de terre), ce qui génère de multiples travaux des champs effectués manuellement par des femmes. Ces travaux sont évidemment saisonniers et très mal payés, ce qui laisse énormément d’entre elles dans une très grande précarité. Nous avons focalisé notre action sur l’accompagnement de cette population, principalement constituée de mères de famille isolée.
C’est ainsi que nous avons mis en place une aide à la scolarité pour leurs enfants, ainsi qu’une aide alimentaire, à l’hygiène et aux soins. Toute personne en difficulté peut s’adresser au CMS et y trouver une écoute attentive et bienveillante. À cet endroit, il n’est jamais question de castes. Cela semble une évidence pour nous mais il n’en va pas de même pour les Népalais.
L’aide apportée est personnalisée suite à des enquêtes sociales. Nous nous engageons auprès de chacun pour une période d’un an reconductible en fonction de nos moyens.
C’est ainsi que depuis lors, nous procurons :
– des uniformes scolaires, indispensables pour fréquenter une école ;
– des fournitures scolaires, également indispensables ;
– les frais de scolarité directement versés aux écoles publiques ;
– une aide alimentaire, variable en fonction des besoins des familles bénéficiaires.
Le CMS finance occasionnellement des frais d’hospitalisation et de traitements médicaux.
Le centre apporte en outre ponctuellement des aides aux écoles publiques locales en finançant des rénovations de classe, installation de réservoir d’eau potable ainsi que divers matériels sportifs et éducatifs.
Pendant une dizaine d’années, le CMS a alloué une bourse d’étude à des jeunes étudiantes en sciences de l’éducation en contrepartie d’interventions dans les classes des écoles publiques locales. Au fil du temps, le CMS a mis en place aussi bien des cours d’alphabétisation, de sensibilisation à l’hygiène et à la santé que des réunions pédagogiques réservées aux étudiantes-institutrices.
Parallèlement à ces différents actions, des cours de soutien scolaire et un accompagnement aux devoirs sont dispensés cinq soirs par semaine, de 16 heures 30 à 18 heures, sous la responsabilité de Sanjaya. Vu le succès que ces cours emportent, les enfants des alentours y sont toujours plus nombreux et assidus (jusqu’à une centaine), et semblent y prendre un réel plaisir. Les vendredis, nous proposons une ludothèque et des activités de détente (visionnage de films et jeux collectifs). En tout, six salariés sont appointés à cet effet, dont quatre par Alsace Népal, une association partenaire de ce projet.
Les locaux devenant trop petits pour accueillir ces enfants toujours plus nombreux, nous avons en 2015 décidé de construire un petit bâtiment supplémentaire pour héberger le CMS afin de laisser plus de place au soutien scolaire.
Depuis nos débuts à Panauti, nous finançons plusieurs activités sportives. Grâce au frère de Sanjaya, ancien champion du Népal de karaté, les enfants de PCH ont pu participer à des cours de karaté réguliers. Certaines participantes sont devenues ceinture noire. Aujourd’hui, cette activité perdure pour une trentaine d’enfants du village, tous les matins dans la cour de PCH. Une activité football a également été initiée sur les hauteurs de la ville. Après avoir été assurée par Sanjaya, elle est aujourd’hui menée par un moniteur extérieur tous les matins avant le début des cours. Y participent de nombreux enfants du village. Pour le karaté comme pour le football, de nombreuses compétitions et tournois ont été organisés avec les écoles locales.
En 2009, en tenant compte des besoins constatés au centre social, nous avons créé un jardin d’enfants (Panauti Children’s garden) dans l’ancienne maison des enfants. Ces locaux en effet, utilisés le soir par l’accompagnent aux devoirs, restaient disponibles dans la journée.
Les enfants du jardin d’enfants sont sélectionnés parmi les plus démunis de Panauti, et vivant à distance raisonnable du bâtiment : il s’agit, pour la plupart, d’enfants de travailleuses agricoles ou de petits artisans, en lien avec le centre social. C’est ainsi qu’une quarantaine d’enfants sont admis quotidiennement pendant que leurs parents sont au champ ou à l’atelier. L’accueil y est gratuit.
Le jardin d’enfants est placé sous la responsabilité de Sabita, présidente de PA.S.A, notre association partenaire au Népal. Pour en assurer le fonctionnement, quatre postes d’enseignants-encadrants ont été créés, occupés par des ex-pensionnaires de PCH ou des ex-bénéficiaires du CMS sensibilisés à la pédagogie Montessori, très implantée au Népal.
Le poste de Sukumari, didi historique de la Maison des Enfants depuis 1993 a été réaménagé. Nous lui avons confié l’intendance du lieu. Elle leur prépare quotidiennement un déjeuner équilibré visant à compenser les carences alimentaires qui ont pu être identifiées par le biais du CMS.
À l’issue de leurs trois années au sein du PCG, les enfants entrent dans les écoles publiques de la vallée de Panauti, grâce au soutien du CMS.
Le PCG est un succès dès sa mise en place. Il s’est forgé une réputation d’exemple pour les autres jardins d’enfants de la région. Cependant les besoins à l’échelle de la vallée de Panauti dépassent largement la limite de nos moyens humains et financiers. Nous refusons des demandes émanant de familles qui sont pourtant dans la plus grande précarité. Cette réalité douloureuse fait partie des nombreuses questions qui accompagnent notre action.
Malheureusement, pour des raisons financières, PCG a pris fin en 2018. Presque simultanément, Sukumari Didi est partie à la retraite et a rejoint son fils Umesh à Katmandou.
Depuis 2009 nous soutenons une petite association népalaise de Pokhara, à 200 kilomètres à l’ouest de Katmandou. Grâce à notre aide a été créée une petite bibliothèque de prêt, constituée essentiellement de livres scolaires, pour les étudiants de castes intouchables. Malheureusement ils ont été tous dérobés. Nous avons alors transformé ce lieu en un centre d’accompagnement aux devoirs ouvert cinq soirs par semaine, inspiré par ce qui a cours à Panauti. Ce centre a fonctionné jusqu’en 2022 et a dû malheureusement être arrêté par manque de ressources humaines et de finances.
Nos autres actions continuent. Aujourd’hui, en 2024, le Centre médico-social prend en charge deux cent cinquante deux enfants, majoritairement des filles. Une quarantaine de familles bénéficient de l’aide alimentaire. Vingt bourses d’études sont allouées à des enfants issus du CMS poursuivant des études supérieures. Une centaine d’enfants profitent de l’aide au devoirs. Et trente enfants participent aux cours de karaté.
Tout ceci grâce à vos dons ! Merci !
